Un cœur en Hiver

Le brouillard de la ville consume les couleurs
Transformant les passants en ombres délavées
Aucun ne se souvient de l’été qui se meurt
Le froid est dans les cœurs, l’hiver s’est approché

La vie se raréfie, les touristes s’en vont
Il semble que Paris s’apprête à hiberner
La ville porte le deuil de la fin de saison
L’heure n’est plus au soleil, les gens l’ont oublié

D’où je suis je peux voir les quelques promeneurs
Qui vont je ne sais où, pour faire je ne sais quoi
Ils ont au fond des yeux une faible lueur
Qui me fait espérer que l’été reviendra

En errant par les rues de la ville engourdie
Je me souviens combien tu adorais l’Hiver
C’est étrange peut-être, romantisme infini
Tu aimais ses images aux reflets de chimères

Alors pour que je sois encore un peu à toi
Et pour ne plus avoir de souvenirs amers
J’ai voulu que mon cœur s’enveloppe de froid
Qu’à jamais il devienne la demeure de l’Hiver…

 

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Tu appelais ça l’amour

Toi, tu appelais ça l’amour
Plaisir d’un soir, bonheur d’un jour
Pas de mots doux, de longs discours
Juste un frisson qui te parcourt
Et comme un vide qui entoure
Ton pauvre cœur aveugle et sourd.
Rien de sincère, aucun recours
A la séduction, à la cour
Une aventure sans rien autour
Et tu appelais ça l’amour !…

Mais tu verras bien qu’un beau jour
Ton cœur vivra sous le velours
D’un sentiment plus doux, plus lourd,
Plus fort, plus pur, plus beau toujours
Un peu le point de non-retour
Pour un voyage sans détour
Chez Cupidon, ange d’amour,
Que les muses inspireront pour
Faire renaître tour à tour
Ton âme, ton cœur, l’Amour tout court…

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Troubles

C’est un petit village à côté de Narbonne
Où l’on célèbre enfin le début de l’été
Là-bas sur la Grand Place, la musique résonne :
Cette nuit, c’est la fête, le grand bal de l’année…

J’hésite à m’approcher ou rester à distance…
Tu es là, tout sourire et plus beau que jamais
Tous les charmes en action, en un rien d’insouciance
Et si je viens te voir, j’ai peur de tout gâcher

Alors je reste là, à l’écart et dans l’ombre…
Et toi sous les lumières, tu ne me vois même pas
Je t’observe de loin, perdue dans la pénombre
Tu as le cœur heureux, en dansant dans ses bras

Mais je ne vois que toi dans cette foule immense
Toi seul… Même elle est floue ! Mes yeux ne sont qu’à toi !
Je ne supporte plus ce jeu d’indifférence
Ne sois pas si cruel, au moins regarde-moi…

Tant pis, je me décide ! Il faut que je t’avoue !
J’aurais trop de remords si je ne disais rien
Y a-t-il un espoir, une chance pour nous ?
Ou bien mes mots d’amour demeureront-ils vains ?

Mais comment le saurai-je si je reste muette ?
C’est le moment crucial, maintenant ou jamais…
Le cœur plein de courage, je sors de ma cachette
Quand soudain, sous mes yeux, je te vois l’embrasser…

Je suis là, dans la foule, humiliée, abattue…
Je la hais cette fille ! Toi aussi je te hais !
Mais que dis-je mon Dieu ! Je ne sais même plus
Cela fait si longtemps que je t’aime en secret

Toi qui danse avec elle, tu ne me connais pas
Pourquoi n’ai-je jamais tenté de te parler !
Tu ne sais même pas que j’existe ici-bas
Je ne peux t’en vouloir, c’est moi, j’ai tout gâché !

 

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Tant que tourne la valse

La lumière se tamise
Sur la piste cirée
L’émotion se précise
Quand ils font leur entrée

Son danseur la conduit
Dans un élan gracieux
Et l’attire contre lui
D’un geste majestueux

Contact du bassin
Communion essentielle
Les deux ne font plus qu’un
Tant l’harmonie est belle

Dans sa robe pailletée
Les cheveux en chignon
De ses bras entourée
Elle prend la position

Le cadre est bien marqué
Le corps, un peu cambré,
Coup de tête, côté…
Le tableau est parfait

Aux premières mesures
Les dernières voix se taisent
Le rythme est lent et pur
C’est une valse anglaise

Léger balancement
Impulsion de la main
L’instant est fascinant,
Elégant, féminin

Bercée dans cette ronde
Quasi imperceptible
Elle danse, seule au monde,
Un rêve irrésistible

Et les violons cadencent
Dans un souffle soyeux
La plus suave des danses
Qu’on ait vu sous les cieux

Danse, vole, sois prête
A sublimer la grâce,
Et que le temps s’arrête
Tant que tourne la valse…

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Solitude

D’aussi loin que lui viennent
Du tréfonds de son cœur
Ses amours et ses haines
Ses sourires et ses pleurs

Il les revit partout
Et rien n’est plus cruel
C’est comme un arrière-goût
Qui paraît irréel.

Que reste-t-il au temps
S’il n’est plus enchanteur ?
Que reste-t-il au vent
S’il ne sèche plus les pleurs ?

Si les blessures guérissent
Si la douleur s’apaise
Restent les cicatrices
Ancrées comme un malaise

Des longs sanglots fanés
Tombés sur une photo
Aux silences inviolés
Qui sonnent comme un écho

Au fond de cette rue
Il vit en solitaire
Comme un homme éperdu
Qui n’a plus de repères

Labyrinthe du cœur
Ou vertige de l’âme?
Recherche du bonheur
Ou amour d’une femme?

Il cherche le silence
Et la nuit pour pleurer
Plaidant son innocence
Pour avoir trop aimer…

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Si l’Amour…

Si l’Amour est un jeu                     Es-tu mon adversaire?
Peut-on vraiment aimer?             Te serai-je opposée?
Quel en est donc l’enjeu?             Ou bien mon partenaire
On peut perdre ou gagner…        Pour mieux nous épauler?

Si l’Amour est un jeu                     Jouer avec le hasard
J’aime mieux passer mon tour     C’est parier sur nous deux
Jouer avec le feu                             Et les chances sont rares
C’est miser notre amour…            Alors je reste hors-jeu!

Si l’Amour est un crime                  Je suis ta prisonnière
Comment croire au bonheur?       Captive de ton cœur
Y aura-t-il une victime?                   Dans cette prison de chair
Qui sera le vainqueur?                    J’attends ma dernière heure

L’Amour est assassin                       Si l’Amour est un crime
Il tue notre innocence                      Je t’aimerai cachée
Mais je n’ai peur de rien                  Amants illégitimes
Quelle que soit la sentence             Mais amants passionnés…

Alors qu’est-ce que l’Amour?           Des phrases qu’on ne dit pas
Un regard, un sourire?                     Ou bien qu’on dit trop bas
Des « jamais », des « toujours »,     Des gestes qu’on n’ose pas
Des mots qu’il faudrait dire,            Ou qui ne se font pas

L’Amour, c’est ta présence               Et si l’Amour, c’est toi
Toujours au fond de moi                  Laisse-moi te découvrir
J’écoute tes silences                          Et au creux de tes bras
Et je sais : tu es là…                           T’aimer à en mourir

 

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Séparation

Comment peut-on décrire       Ce qu’on a toujours vu
Un lieu devenu ruine,               Et qui n’existe plus :
Tout n’est que souvenir ;         Tout n’est plus qu’illusion ;
Par une nuit de chine               C’est une fascination.
Le brouillard nous entoure,    L’ombre a tout recouvert
On sent qu’un vide court         Au milieu de ces pierres.
S’il se pouvait un rêve,             S’il était une chimère,
Pour que rien ne s’achève       Au-delà des frontières
Revivant l’origine                      D’un lieu qu’on a aimé
Que la mémoire dessine         Mais qu’on quitte à regret ;
Que faire contre le temps ?     Laissé à l’abandon
C’est l’anéantissement.            L’oubli reprend son nom.

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S.D.F.

Toujours la même  place, sous le pont Mirabeau,
Un homme d’une autre race, celle des marginaux ;
Un « sans domicile fixe », comme on dit joliment…
Un nom à moindre risque d’une vérité qui ment.

Blotti comme il le peut dans un carton troué,
Il se réchauffe au mieux sous un vieux plaid usé,
Cherchant de la tiédeur au goulot d’une bouteille
Pour un peu moins de peur jusqu’au prochain sommeil.

Ses yeux ne pleurent plus depuis bien des hivers.
Leur éclat, disparu, a terni de misère.
Il neige dans son cœur, en flocons silencieux,
Un peu de son malheur sous un écran brumeux.

Quelques passants pressés par leur indifférence
Le croisent tête baissée, orgueilleux d’ignorance.
Invisible fantôme, dédaigné, méprisé,
Il n’en est pas moins homme, en mal d’humanité.

Mendiant d’un peu d’amour à la chaleur d’un toit,
Son appel au secours se meurt sous d’autres voix.
Son enfer est glacial, peuplé de solitude,
Son tourment, hivernal, transi de lassitude.

Il attend le matin, et puis, viendra le soir…
Encore un lendemain, toujours un peu plus noir,
Toujours un peu plus blanc du froid qui paralyse
Presqu’insensiblement son cœur qui cristallise.

Et qui remarquera s’il n’est plus là demain ?
Des passants, qui verra ? Parmi ces gens, combien ?
On le retrouvera un peu plus froid encore,
Un journal titrera : ‘un S.D.F. est mort’…

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Rêverie nocturne

C’est quand le jour s’achève
Quand la lueur faiblit
Qu’évadé dans des rêves
L’Amour emplit la nuit

Les paupières s’éteignent
Sur un monde magique
Où les songes s’imprègnent
D’illusions féeriques

Dans la brume du soir
Les souvenirs renaissent
Illuminant le noir
D’une secrète ivresse

Les rêveries intimes
Se changent en prières
Comme un appel ultime
Que rien ne pourrait taire

Ces instants éternels
Que l’on revit cent fois
Des passions virtuelles
Qu’en vrai l’on ne fait pas

Les yeux tout embués
Des dernières chimères
La ville va s’éveiller
Loin de l’imaginaire

Moi… je me remémore
Le rêve que j’ai fait
Je le revois encore
Ce rêve où tu m’aimais…

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Raconte-moi

Je connais le silence et je connais le noir.
Je vais finir ma vie sans même avoir d’histoire
Dis-moi encore « je t’aime » une dernière fois
Car je quitte ce monde que je ne verrai pas…

Parle-moi du soleil, de la mer et du vent
Raconte-moi encore le bruit de l’océan
Parle-moi des étoiles, de leurs poussières d’or
Apprends-moi les couleurs des reflets de l’aurore

Décris-moi la douceur d’une soirée d’hiver
Dépeins-moi les matins habillés de lumière
Parle-moi des printemps, de ces parfums de fleurs
Qui inondent le monde d’effluves de bonheur

Parle-moi de la neige, de ses flocons soyeux
Dis-moi la sensation du vent dans les cheveux
Du sable entre les doigts, du soleil sur la peau
Explique-moi le froid d’un frisson dans le dos

Raconte-moi ces mots que je ne dirai pas
Chante-moi les chansons que je n’entendrai pas
Fais-moi vivre l’amour et ce qu’est la tendresse
Si tu peux, décris-moi le toucher d’une caresse

Je veux que tu m’expliques…que sont les sentiments ?
Dis-moi, car il ne reste plus beaucoup de temps
Raconte-moi encore le trouble d’un baiser
D’une main que l’on serre à s’en électriser

Décris-moi la chaleur d’une étreinte cordiale,
Le vertige envoûtant d’un sourire amical
Apprends-moi l’émotion d’un plaisir partagé
Dis-moi ce qu’on ressent lorsque l’on est aimé

Donne-moi une idée de ce que veut dire ‘vivre’
Dans ‘vivre’, il y a ‘ivre’ : ivre de découvrir,
Ivre d’apprendre à être de chair, de sang, de vie…
Qui ne sera pour moi jamais que de l’envie

Attends encore un peu, raconte-moi encore
Je veux savoir la vie, avant de voir la mort
Avant de commencer, déjà la vie s’en va
Dis-lui bonjour pour moi, je ne le pourrai pas

Je pars, à vous de voir, avec votre conscience
Je n’ai guère eu le choix d’une probable existence
J’ai déjà oublié, quelle était la question ?
Oui… « Etre ou ne pas naître ? » : telle fut leur décision.

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